ECOLO a persisté hier : NON à l'arrestation administrative de mendiants
Comme prévu, le conseil communal de ce 30 janvier 2017 avait à l'ordre du jour une modification du règlement de police, permettant l'arrestation administrative des mendiants qui ne respectent pas ce règlement.
"Mr Le Président,
Le constat que vous faites aujourd'hui
est un constat de faillite, faillite d'un système mis sur pied
depuis plusieurs années : vouloir à tout prix résoudre les
problèmes d'incivilité, de dégradation de l'espace public à
Tournai par des sanctions financières.
A plusieurs reprises, les écologistes
ont marqué leur désapprobation face à ce système qui ne
fonctionne pas et ont demandé que d'autres mesures soient prises
pour améliorer « le vivre ensemble ». Aujourd'hui,
Tournai est plus sale qu'hier. Aujourd'hui, Tournai est aussi plus
déprimée qu'hier car les habitants, les commerçants, les personnes
mal logées ou sans logis, nous tous, nous ne voyons pas comment
améliorer la situation. Il n'y a pas que ceux que vous appelez
« oisifs et SDF » ( quand on commence à parler des
humains en abréviation, cela en dit long!) mais bien d'autres aussi
qui contribuent à façonner cette ville moins gaie, moins propre où
règne l'impression « qu'il ne fait plus bon vivre ».
Monsieur le Président, quand cela ne
fonctionne pas, il faut s'arrêter, se poser les bonnes questions et
se repositionner.
Aujourd'hui, c'est l'inverse que vous
nous proposez : persister dans l'erreur en allant une étape
plus loin, dans la répression qui ne fonctionne pas.
Tournai sort aujourd'hui d'une
« merveilleuse semaine qui dérange », mais sur écran
seulement !. Pa contre, dans les rues de Tournai, au quotidien,
nous sommes tous dérangés. Dérangés parce qu'il fait sale,
dérangés parce qu'il y a des gens « qui traînent en rue »,
dérangés parce qu'il y a des gens qui nous dérangent en nous
accostant. Mais heureusement, dérangés aussi parce qu'il y a des
gens dehors et qu'il fait froid, qu'il fait humide. Dérangés parce
qu'on sait que la petite pièce qu'on donne ne va rien changer à
leur vie, ni changer notre vie et notre regard sur eux.
Alors, la réaction la plus immédiate,
c'est de passer à autre chose : on en a marre d'être
dérangés, alors débarrassons-nous de ce tableau qui nous dérange.
C'est un peu cela qu'on nous propose aujourd'hui. L'espoir secret
étant qu'en dérangeant un maximum ces gens « qui
envahissent » notre espace public, ils partiront. Ils iront
ailleurs « squatter l'espace public » d'autres citoyens
pour que nos vies reprennent un cours qu'on pense plus normal à
Tournai. Pourtant, la saleté en ville, les petites bastons sur les
quais, le bruit qui dérange la nuit à Tournai, ce ne sera pas
terminé parce que ces gens auront quitté le pavé tournaisien.
Aujourd'hui, Monsieur le Président,
nous vous invitons à ne pas aller plus loin dans une voie sans
issue. Nous vous proposons de nous arrêter, de nous questionner,
pour mieux comprendre comment vit notre ville : ce qui ne va pas
mais aussi ce qui va mieux et ce qui pourrait aller mieux par
quelques mesures simples ou plus élaborées.
Pour avancer vers des améliorations du
vivre ensemble, pas vers LA solution car ce qui est trop simple en
devient simpliste, nous devons d'abord comprendre ce qui se passe
aujourd'hui à Tournai.
Certains nous disent qu'il y a plus de
« oisifs » (comme vous les appelez) à Tournai que dans
d'autres centres-ville. Beaucoup affirment qu'il fait bien plus sale
à Tournai qu'ailleurs. D'autres disent le contraire. D'autres
veulent croire qu'il fait bon vivre à Tournai sans trop de
certitude.
C'est donc le moment d'approfondir
l'analyse de la situation et de mettre tout le monde ensemble pour
comprendre la situation mais aussi pour « découvrir »
ensemble des pistes d'amélioration.
Le SAIS qui effectue un travail de rue,
l'accompagne d'une réflexion sur la situation en ville.. Le relais
social urbain a fait un travail d'enquête afin de déterminer les
besoins en accueil de jour et de nuit à Tournai. On peut donc
partir de ces travaux et élargir la réflexion à tous les acteurs
de terrain, en réalisant de véritables états-généraux du social,
comme on l'a déjà fait pour la culture. ECOLO a fait cette
proposition à plusieurs reprises. Ce travail nécessitera l'aide
d'experts extérieurs pour donner une méthode de travail et
accompagner ceux qui s'engageront dans cette démarche.
Et l'analyse qu'on ferait chez nous
pourrait aider d'autres villes à avancer vers des améliorations du
vivre ensemble sur l'espace public car, après tout, la situation
tournaisienne n'est pas si différente de la situation dans d'autres
villes."
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