Mais où est ma voix?

Dans l'effervescence d'après élections , on entend souvent :" mais à quoi sert de voter puisque mon poulain qui avait remporté la course se retrouve dans l'opposition?"

Petite leçon de POLITOLOGIE AVANCEE (restez accrochés!)

Et bien, dans un scrutin proportionnel comme en Belgique, la voix que l'on donne ne sert qu'un objectif : renforcer la liste qu'on soutient et accessoirement donner un siège à la personne qu'on privilégie sur cette liste.  C'est ce que j'ai martelé durant la campagne à ceux et celles qui me demandaient à quoi cela sert-il d'aller voter.  On peut, par sa petite voix, changer les rapports de force au sein d'une assemblée communale ou parlementaire mais on ne choisit ni l'exécutif qui se mettra en place, ni le bourgmestre ou le premier ministre. 

Si on voulait voter pour le bourgmestre, il faudrait une élection directe des bourgmestres mais est-ce vraiment la solution?  Je vous laisse y réfléchir.
Savez-vous qu'aux Pays-Bas, par exemple, le maire est choisi par le ministre ou le gouverneur en-dehors du conseil communal pour qu'il soit vraiment au-dessus de la mêlée.

Le scrutin proportionnel a ses défauts et ses qualités : il permet aux petites formations de faire entendre leur voix et il permet de renverser de vieilles majorités si quelques sièges permettent aux formations d'opposition de se coaliser.  Son défaut principal : les coalitions  se nouent entre des formations dont le programme est parfois éloigné et le compromis de majorité est alors très fade car il faut contenter tout le monde !

Dans les pays où le scrutin est majoritaire à un tour, comme en Grande Bretagne, "ch'est toudis les gros qui gagnent !! Les petits n'ont pas la possibilité de se faire entendre car ils ne parviennent jamais à remporter une circonscription face aux mastodontes. Alors, voter pour une petite formation est vraiment une voix perdue.  Ce sont des systèmes politiques très sclérosés.  Il faut compter uniquement sur le renouvellement des candidat(e)s pour faire un peu changer les choses.

En France, le scrutin majoritaire à 2 tours, permet de former une alliance entre les 2 tours et peut ainsi renforcer aussi les plus forts.  Mais la négociation entre partis avant l'élection permet parfois de faire passer quelques élus d'une formation plus petite.  C'est ainsi que la liste écologiste a pu obtenir des sièges au parlement en juin dernier : les socialistes ont accepté de reporter leurs voix sur des écologistes s'ils parvenaient à passer le premier tour dans certaines circonscriptions.

Pour beaucoup d'électeurs en Belgique, cela reste injuste de renvoyer dans l'opposition  les candidat(s) ayant obtenu le plus de voix.   Je comprends ce point de vue mais je ne le partage pas.  Savez-vous qu'à Kortrijk, le CD en V était au pouvoir depuis 150 ans souvent en majorité absolue, et, parfois, en partageant son pouvoir avec une petite liste.   Est-ce sain en démocratie ?

Mais il y a plus grave.  A Antwerpen, lorsque le Vlaams Belang a fait son raz-de-marée, en 2000,  le scrutin proportionnel a sauvé la démocratie! Il a permis à toutes les autres forces de se coaliser contre lui.   Comme il n'avait pas la majorité absolue, ce fut possible de l'empêcher de gouverner.

Je voulais partager cette réflexion car je pense que tout système de scrutin n'est pas tout bon ou tout mauvais mais il est le résultat des combats politiques dans une démocratie, le résultat de l'histoire d'un pays.

En Allemagne, par exemple, le scrutin proportionnel ne permet pas aux  formations ayant obtenu moins de 5% des votes d'être représentées au parlement. Pourquoi?  Parce que l'Allemagne démocratique d'après guerre, est sortie traumatisée des années hitlériennes et elle ne voulait plus voir des néonazis franchir la porte de son assemblée parlementaire!


Oui, notre vote a un sens car il apporte un poids à une formation que nous soutenons!  Je trouve qu'on devrait expliquer aux jeunes, en-dehors de périodes électorales, le sens de tout cela avant qu'il(elle)s ne soient contaminés par le "tous pourris".

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