chronique de désastres sociaux annoncés

En ce début d'année 2017,  ce sont déjà  deux désastres sociaux annoncés par des chaînes de magasin en Belgique :Eram    et   Blokker .

Comment expliquer ces saignées qui feront mal aux travailleur(se)s belges dans les prochains mois?

Partout, on voit fleurir de nouvelles zones commerciales. Les anciennes zones commerciales  font peu neuve, se font belles pour accueillir de nouvelles enseignes.

Près de chez nous, à  Mons, à Mouscron et à Tournai, des hommes et des femmes politiques se réjouissent  un peu vite en annonçant les centaines d'emplois qui seront créés dans ces "retail parks" nouveau style.

Mais quels emplois?  Souvent, des emplois mal payés et surtout non durables. Des emplois créés là pour en retirer ailleurs.


Pourquoi? Nous le constatons tous, chaque jour, notre pouvoir d'achat n'est pas à la fête. En Belgique, comme en Europe d'ailleurs, les consommateurs, au portemonnaie resserré, ne dépensent pas sans compter. De plus, la conjoncture économique les rend plus prudents encore.  Ils craignent pour leur avenir, pour celui de leurs enfants.  Et quand un portefeuille se vide, on a beau créer des magasins plus attrayants, on ne dépensera pas plus pour cela.  Si on achète dans un nouveau zoning, on s'abstiendra de faire des emplettes ailleurs.

C'est pour cela que le centre-ville de Tournai connaît une véritable catastrophe sociale. Les rues commerçantes ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes et se désertifient.  Les commerçants survivants s'empressent de chercher un emplacement là où ils pensent qu'est leur avenir, dans les nouveaux centres commerciaux.  Mais pour eux aussi, la désillusion se fera sentir, tôt ou tard, face au coût élevé des emplacements, et surtout à la diminution du pouvoir d'achat des consommateurs.

A Tournai, j'ai toujours dénoncé l'extension des Bastions, une zone commerciale, concurrente directe du centre-ville à cause du peu de distance qui les sépare.  Mais la situation aujourd'hui m'apparaît plus  grave que celle que je craignais.

Non seulement, des emplois se perdent dans le centre-ville mais même au sein des zones commerciales, les pertes d'emplois sont annoncées.

Aurons-nous, dans quelques années, des chancres commerciaux aux abords de nos villes, après les chancres créés par la désindustrialisation ?

Ces restructurations dans le secteur commercial ne sont-elles que passagères ou marquent-elles le début d'une période noire pour les chaînes commerciales?

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvaise augure, je crains fort que ce phénomène s'amplifiera dans les mois et les années à venir.  En effet, pourquoi certaines chaînes s'implantent-elles dans un  zoning où elles n'étaient pas encore présentes? Elles s'y installent simplement pour éliminer les concurrents qui se trouvent dans cette même zone ou à proximité.  C'est le cas notamment d'une chaîne d'articles de sport qui s'est installée à Tournai récemment.  Mais en menant une guerre commerciale permanente entr'elles, ces chaînes de magasins obligent les "plus faibles" à plier bagage et à fermer leur magasin.  C'est une situation qu'on retrouve un peu partout.

Alors, au lieu de crier victoire, à chaque ouverture d'une nouvelle enseigne dans un centre commercial, je crois vraiment que le rôle des politiques est de soutenir les acteurs économiques qui font réellement vivre une région et qui n'ont pas l'ambition de délocaliser à la moindre occasion.

Soutenons les producteurs locaux, soutenons les petits commerçants locaux afin qu'ils puissent, eux, créer de l'emploi durable dans notre région.







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