Tournai, l'élargissement du fleuve, le Pont des Trous, un exemple de démocratie participative...


 C'est la fête ce week-end dans ma ville de Tournai.. Après de longues années de travaux, de l'amont à l'aval, le fleuve a repris sa place de grand seigneur dans la cité des 5 clochers et accueille chaleureusement les promeneurs sur ses rives.

C'est l'occasion de faire le point sur l'aspect "démocratie locale"  de ce projet qui a changé ma ville.

L'élargissement a été voulu par le pouvoir wallon pour inscrire le fleuve dans le futur transport fluvial européen à grande échelle reliant notamment les bassins de la Seine et de l'Escaut avec les grands ports du nord de l'Europe. Tournai était "un bouchon" qu'il fallait faire sauter pour y faire passer des péniches de plus grand gabarit.

De 2012 à 2015, on en parlait dans les chaumières tournaisiennes et parmi les élus locaux mais cela restait un projet lointain car géré de loin par les autorités wallonnes et leur administration.

Brusquement, on a compris que ce projet  concernait vraiment notre ville et ses habitants car c'était notre patrimoine,  notre fleuve, nos quais qui allaient être chamboulés  par ce projet d'élargissement.

Les Tournaisiennes et Tournaisiens voulaient avoir leur mot à dire et cela se sentait. Et même si leurs avis étaient très différents, ils et elles avaient bien le droit de faire part de leurs idées pour le futur de  leur ville.

C'est pour faire valoir cet avis des Tournaisiens, que j'avais déposé une demande de consultation populaire au conseil communal en 2015.

Ayant été acceptée par une majorité de conseillères et conseillers, elle a été organisée en octobre 2015, malgré les réticences de certains décideurs politiques.  Et oui, c'était une première à Tournai. Nous ne sommes pas en Suisse où on demande  régulièrement au "peuple" de se prononcer sur une question de démocratie locale ou fédérale.

Ici, l'exercice de la démocratie directe n'était pas une évidence et il fallait convaincre les gens que c'était bien leur droit de donner leur avis. 

Je me souviens des propos tenus par les votants qui entraient dans les bureaux de vote ce dimanche-là :"on nous demande notre avis, pour une fois, et bien, on va le donner".  Plus de 12000 citoyennes et citoyens qui se déplacent un dimanche matin alors que ce n'est pas obligatoire et qu'il fait justement très beau, ce n'est pas banal. C'est  un résultat significatif quand on le compare au nombre de personnes qui désertent de plus en plus les bureaux lors d'élections  en Belgique alors que le vote y est obligatoire.

Une personne me disait justement hier :"moi, aux élections, je ne vais plus voter car on vote et après, ils font ce qu'ils veulent  sans tenir compte de notre avis".

Dans ce projet d'élargissement de l'Escaut à Tournai, il y a eu de nombreux aller-retour, vers un projet moderne ou ancien.

Mais, pour moi, l'essentiel est qu'il y a eu une véritable implication de la population dans tout ce processus.

Lors des ateliers participatifs qui ont suivi  la consultation populaire, nous étions souvent une centaine, parfois un peu moins, parfois un peu plus, à discuter, à dessiner, à rêver, le futur de l'Escaut et du Pont des Trous durant de nombreuses soirées.

A ma grande joie, j'ai pu constater que chacune et chacun apportait un plus au projet. L'architecte Olivier Bastin et le bureau d'ingénierie Greish, s'attelaient, eux, à concrétiser les idées émises, en les confrontant à la réalité.

Les abords de l'Escaut présentent aujourd'hui  des gradins près du Pont des Trous. Le parc de la Reine, qui était isolé dans ses murs, est maintenant ouvert sur le fleuve; une passerelle cyclo-piétonne permet de rejoindre facilement les deux rives du fleuve à cet endroit. Tous ces petits plus apportés par les gens lors des ateliers peuvent se voir aujourd'hui dans un projet global, que tout le monde pourra s'approprier au fil des promenades et des rencontres avec le fleuve.

Alors, oui, la consultation populaire et les ateliers participatifs ont été un plus à côté des échanges politiques, et d' apports d'experts du patrimoine, et d'experts techniques de la construction.

Ne l'oublions pas pour l'avenir à Tournai et ailleurs. Non, la désertion des urnes, la défiance des gens envers les politiques, ce  n'est pas une fatalité, on peut améliorer notre démocratie par plusieurs moyens, dont celui d'une participation accrue des citoyennes et citoyens à la prise de décision.





 


 

Commentaires

  1. Bsr Marie-Christine. Voilà qui méritait d'être écrit.

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    1. Je trouve aussi qu'il est très important de rappeler que sans cette participation citoyenne de dernière minute, imposée il me semble par les instance régionale à nos élus, les abords du pont des trous et la réunion apaisée du jardin de la reine et de l' Escaut n'auraient jamais existé . Le projet initial et la qualité de vie dans ces espaces publics a très nettement été amélioré par ce processus , même si bien sûr on regrettera toujous qu'il soit intervenu beaucoup trop tard dans la genèse du projet. Espérons que nos élus, réjouis par le résultat, en tiendront compte pour les projets futurs.
      Félicitations à toutes et tous qui se sont engagés dans le processus.
      Eric M

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