Les personnes âgées dans le monde d'après

Cette semaine, un ami m'a beaucoup touchée quand il a repris les propos de sa maman : "tu sais, j'aimerais mourir". Pourtant, cette dame octogénaire, était heureuse un an auparavant, lorsqu'elle a décidé de quitter sa maison, trop grande pour elle, pour rejoindre une maison de repos au confort moderne, dans une chambre avec vue sur le grand parc .

Mais aujourd'hui, il faut la préserver du virus qui hante les couloirs et les espaces de vie de l'établissement et elle reste donc enfermée dans sa chambre toute la journée.

Le lendemain, j'apprenais que le projet de rénovation, construction d'une grande maison de repos se concrétisait dans ma ville, une maison au confort moderne, où les résidents auront, sans doute, comme cette dame, une chambre avec vue.

J'ai tout de suite relié ces deux événements dans ma tête : on doit absolument changer dès aujourd'hui  et créer de réels espaces de vie pour les personnes qui vieillissent.

Aujourd'hui encore, on construit des maisons de repos (MR) et des maisons de repos et de soins (MRS),  ces établissements  sont subventionnés suivant leur nombre de "lits" et non parce qu'ils sont des espaces de vie.

On donne pourtant le nom de home à ces établissements, et home cela signifie la maison, l'endroit où l'on vit en anglais. Ces maisons devraient être des endroits où on prend soin de nos aînés, pas des lits de soins.

Quand une crise apparaît dans ces grands établissements, c'est la logique institutionnelle qui prévaut : il faut sauver l'institution qui risque de couler si elle est montrée du doigt dans sa gestion de crise. Alors, on décide  d'enfermer les résidents dans leur chambre pour les préserver mais en les enterrant vivants au lieu d'égayer leurs dernières années d'existence.

Et je me dis, pourquoi pas un changement radical vers des maisons plus petites, peut-être 20 à  30 personnes pour pouvoir organiser à la fois une vie conviviale et des soins appropriés. Pourquoi pas des maisons de vie implantées dans les coeurs de village et des villes? 

je me souviens que maman, quelques mois avant son décès, me disait : moi, si je suis seule, j'aimerais aller dans la maison de repos au milieu de mon village, et promener au centre du village.

C'est pas une idée révolutionnaire, mais c'est ma petite contribution au monde d'après,  redonner un sens à la vie, à nos vies quand nous serons plus fragiles, plus dépendants.

Alors, comme les grands philosophes qui pensent ce monde d'après, j'ai posé la question à de grands responsables.

C'est pas tout à fait comme cela que cela fonctionne, m'ont-ils répondu. Aujourd'hui, on réalise les projets qui ont été pensés dans le monde d'avant. Et demain, après-demain, on pensera à construire pour le monde d'après.

Dommage, me dis-je, ce sont mes enfants, peut-être, qui pourront vieillir dans un home réellement repensé à l'échelle humaine; pour moi, il est sans doute trop tard


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