Les Belges, prêts pour le confédéralisme.... à la Belge!




Les Belges, ou plutôt les Wallons, Flamands, Bruxellois et Germanophones semblent prêts pour une autre Belgique, une autre manière de vivre ensemble. Cela me paraît évident, depuis le scrutin du 26 mai dernier.
Du côté politique, l'enchaînement dans la formation des différents gouvernements montre que le gouvernement fédéral n'est plus une priorité.
Les Germanophones ont ouvert le bal, formant très vite un gouvernement sans surprise. Suivent, quelques semaines plus tard, les Bruxellois, fiers d'avoir battu Flamands et Wallons dans la course de vitesse.  Au-delà de leurs différences idéologiques ou communautaires, ceux-ci ont affirmé leur priorité : l'avenir de leur région Bruxelles-Capitale dans un état fédéral.

L'été torride a assoupi les ardeurs flamandes et wallonnes. Leur situation était, il est vrai, plus  délicate à gérer : les partis wallons, après avoir cogné durement sur le ring de la campagne électorale,  devaient se retrouver sur un terrain d'entente pour affronter les enjeux qui se bousculent à l'horizon.  En Flandre, c'est avec raison et non avec passion, que les mêmes formations politiques poursuivront le travail entamé ensemble dès 2014.  Pendant tout l'été, le maître de la NVA avait savamment semé le doute, afin de convaincre ses électeurs fidèles et ceux qui l'avaient délaissé qu'il restait bien la plaque tournante de la politique flamande.  L'accord de ce gouvernement jaune, bleu, orange a aussi de forts accents noir-jaune. Le Vlaams Belang reste "caché sous le tapis", expression favorite de Mr Bart De Wever, lorsqu'il avait claqué la porte du gouvernement fédéral tout en influençant ses décisions en arrière plan.
Aujourd'hui, on oublie presque que la Belgique est toujours gouvernée par un gouvernement fédéral intérimaire et, de surplus, minoritaire. On utilise plus sérieusement les termes en affaires courantes, pour faire bonne figure face au monde extérieur.
Il y a bien eu 4 mois de palabres secrètes entre responsables de parti.  Comme en 2010, c'est Johan Vande Lanotte, accompagné cette fois-ci de Didier Reynders, qui dirigeaient ensemble ces échanges tenus secrets, une nouvelle  preuve que la Belgique reste une particratie, dérive parfois inquiétante des régimes démocratiques.
En 2010, Mr Vande Lanotte déclarait   "on peut amener les chevaux à la rivière mais on ne peut pas les obliger à boire." Dans la chaleur de cet été 2019, nos deux informateurs ont eu beaucoup de peine à amener les responsables de différentes formations politiques autour d'une table, et encore moins à les faire boire à la même coupe !
Où en est-on aujourd'hui? Seuls le savent les deux préformateurs (un autre mot du lexique bien fourni de la politique belge! ).   Depuis leur désignation récente par le Roi, plus rien ne filtre de leurs conversations secrètes.  
La Belgique est bien le pays du surréalisme. Durant la dernière décennie, elle a été gouvernée pendant 3 ans par un gouvernement en affaires courantes!  Cette situation aurait de quoi inquiéter citoyen(ne)s et partenaires d'un pays démocratique.  Et bien non, aujourd'hui, tout le monde s'est habitué à cette situation.
Les rencontres secrètes se poursuivent entre hommes et femmes politiques, dans l'indifférence quasi générale.  Les journalistes ne commentent que rarement l'évolution de la situation. Mais surtout les Belges n'y accordent plus aucune importance, certain(e)s pariant sur la date des prochaines élections ou sur la possibilité de battre le record de longévité d'un gouvernement  en affaires courantes.
C'est ce changement d'attitude des citoyen(ne)s qui devrait interpeller tout(e)  observateur(trice) de la vie politique et tout(e) responsable politique.  Ce n'est pas nécessairement grave pour la démocratie mais c'est plutôt un signe que la Belgique doit prendre un tournant et que les Belges sont prêts à suivre une nouvelle direction.

Comme l'affirme Johan Vande Lanotte, la configuration du parlement sortie des urnes en mai dernier rend impossible la formation d'un gouvernement plutôt homogène, ou du moins composé de partis proches idéologiquement.
C'est vrai, l'éparpillement des votes se constate dans les scrutins un peu partout en Europe. Cette situation est accentuée en Belgique par la division communautaire des partis.

Les élections reflètent avant tout, les inquiétudes et les aspirations des citoyen(ne)s à un moment précis. Mais elles ne sont pas nécessairement faciles à décrypter. Faut faire avec comme on dit chez nous. Le gouvernement rêvé ne sort pas tout droit des urnes, il faut le construire dans le dialogue et avec la conviction qu'on peut réussir.

Depuis des décennies en Belgique,  les propos négatifs et caricaturaux se font face et se répètent à l'infini, nous empêchant de dessiner un futur clair pour notre vivre ensemble.

On entendra sans doute encore aujourd'hui ces paroles convenues : "surtout ne pas ouvrir la boîte de Pandore."   On entendra encore et toujours les angoissés qui craignent des difficultés financières insurmontables. On entendra ceux qui voient l'avenir s'assombrir lorsque les extrémistes bloqueront les institutions et feront suffoquer notre démocratie.

Pourtant, les extrémistes gagneront du terrain si on continue à alimenter les peurs des citoyen(ne)s tout en prônant l'immobilisme.  On ne construit pas l'avenir d'un pays sur les peurs!

Dans ce brouillard épais dans lequel évolue notre pays aujourd'hui , on entend par ci par là des idées positives pour construire un fédéralisme moderne,  basé, par exemple, sur 4 régions autonomes et solidaires, avec un parlement fédéral constitué de parlementaires régionaux et de parlementaires élus au sein d'une circonscription unique fédérale.  On entend des partis politiques et des experts affirmer que certaines matières seraient mieux gérées par les Régions et d'autres mieux gérées si elles étaient refédéralisées.

Même si ce petit pays, ironiseront ceux qui le combattent, est et demeure une erreur de l'histoire, il peut rester un vrai modèle démocratique. Peu importe finalement, les changements  dans la tuyauterie Belge.. L'essentiel est que les responsables politiques se mettent autour de la table pour construire la Belgique de demain, en accord avec les citoyen(ne)s qu'ils représentent. C'est en travaillant en toute transparence et en dialoguant avec celles et ceux qui vivent dans ce pays, qu'on pourra rendre la confiance en notre futur et notre vivre ensemble.






























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