Gare du Nord, l'Europe n'est pas à la fête

C'est le 9 mai aujourd'hui, l'Europe est à la fête.



Pourtant, les paroles de cet hymne de paix cognent dans ma tête :  "quand nos peuples dans la tourmente vivaient dans la haine et le sang, ô que la joie nous enchante, plus de guerre pour nos enfants".






Je passe ce matin à la gare du Nord parmi les milliers de navetteurs. Je relève mon col en fixant l'escalier au loin, pour me libérer de cette tension insupportable qui me torture à chaque passage dans ce lieu.
Combien de corps recroquevillés, de visages tristes, de couvertures poisseuses, vais-je éviter pour me frayer un chemin vers la vie et la tranquillité qui m'attendent au dehors. Que puis-je pour eux, seule dans cette indifférence?
Mais pourquoi ces jeunes sont-ils toujours là, aussi nombreux, chaque matin.. On me dit qu'ils attendent un train, un bus qui les emmènera vers cette terre promise qu'ils nomment Angleterre.

Ils ont fui la guerre, la dictature, la faim pour un voyage sans fin vers cet Eldorado.  Bruxelles n'est qu'une étape. Et pourtant, cette étape semble infranchissable, et la gare du Nord, une prison sans issue.
Autour d'eux, la vie suit son cours normal. La campagne électorale (notamment pour les élections européennes!) bat son plein, elle s'affiche sur les panneaux aux abords de la gare du Nord.

La semaine dernière, une info banale a circulé dans les média : les sociétés de bus De Lijn et la STIB ont décidé de ne plus s'arrêter à la station située sous la gare du Nord. Les Directions ont accepté les revendications syndicales: supprimer cet arrêt pour éviter aux chauffeurs d'attraper une de ces maladies contagieuses, portées par les "transmigrants" entassés à la gare du nord, ces dizaines de corps humains qui manquent de soins et d'hygiène.

"Le bien-être des travailleurs", revendication légitime des syndicats. Dans cette gare, elle résonne comme une fausse note de l'hymne à la joie européen.   Dans cette station terminus, où des jeunes en errance se heurtent aux murs d'une Europe forteresse.

Ils ont 15, 20, 30 ans, "la force de l'âge", comme on dit.  Ils viennent d'autres continents, et alors? Est-ce un crime? Comme les jeunes nés ici ou ailleurs, ils sont l'avenir du monde.
Ils sont capables, de bâtir une terre de paix et de prospérité, ici ou ailleurs.
Sortons-les de leur prison, donnons-leur des droits, ouvrons-leur des portes.
Peut-être bâtiront-ils leur vie en Europe, peut-être ailleurs, peu importe. Ce n'est pas en ôtant tout espoir à la jeunesse qu'on peut envisager un avenir meilleur.


L'Europe est à  la fête aujourd'hui : "quand ensemble, ils pourront dire dans toutes les langues 'BIENVENUE", et pourront enfin construire ce monde tant attendu."(extrait hymne européen)



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