CETA, on a gagné "ou quoi"??

Pendant que des hommes et des femmes politiques s'étripent ou se congratulent, suivant qu'ils pensent avoir gagné ou perdu quelque chose dans la bataille du traité de libre-échange Europe-Canada, il est toujours intéressant de prendre un peu de recul.

Aujourd'hui, c'est l'éminent économiste belge, Paul De Grauwe, professeur honoraire de la K.U.L. et ancien sénateur libéral (open VLD) qui nous apporte cet éclairage bien utile sur les bienfaits et les méfaits du commerce international. Mr De Grauwe enseigne actuellement à la London School of Economics Science et n'est donc pas un ultra-gauchiste qui arpente les rues des capitales européennes en clamant son opposition à tout traité de libre-échange!

Au siècle passé, selon lui, le commerce international a permis un développement économique et social énorme en Europe et dans le monde.  Appliquant la théorie "des avantages comparés", les Etats spécialisaient leur production agricole et industrielle dans les domaines où ils étaient les plus compétitifs. Cela engendrait la création d'un nombre important d'emplois .  Les pays échangeaient leurs produits à des prix très intéressants pour les consommateurs qui profitaient de ces avantages comparatifs à leur tour.

Monsieur De Grauwe affirme ainsi qu'il est un chaud partisan du libre-échange , ce qui ne surprend personne, de la part d'un économiste, libéral de surcroît.

Mr De Grauwe nous surprend un peu plus  lorsqu'il affirme "globalisering botst op zijn grenzen".  En d'autres mots, toute cette belle théorie ne s'applique plus à notre société globalisée. "La globalisation a atteint ses limites".

Selon l'économiste, le développement du commerce international dans notre société globalisée apporte des méfaits sur deux plans essentiellement : l'environnement et les conditions sociales des travailleurs.

En matière environnementale, c'est le transport qui est montré du doigt.  Si les pays continuent à spécialiser leur production afin de l'exporter à l'autre bout de la terre, le coût environnemental lié au transport est bien plus important que les gains engendrés par ces exportations.  Nous pouvons ajouter à Mr De Grauwe l'argument développé par des agriculteurs européens (et canadiens) et qui vaut son pesant d'or : ces agriculteurs affirment qu'il veulent gagner leur vie et assurer un avenir à leurs enfants mais pas au prix de voir crouler des agriculteurs au Canada (ou en Europe) .

Sur le plan social, Mr De Grauw insiste sur la catastrophe liée à une globalisation sans limite.  Ce sont les actionnaires, déjà milliardaires, qui continuent à s'enrichir par le développement des exportations  partout sur la planète. Il reprend l'exemple belge de Inbev  où les actionnaires ont rempli leurs poches alors qu'ils semaient la misère dans la plupart des pays où Inbev a supprimé des milliers d'emplois.

La machine du commerce international est donc complètement cassée.  Non, on ne crée plus de la richesse à partager en spécialisant sa production et en exportant à outrance mais on enrichit quelques-uns au détriment de milliers et millions de travailleurs.

Alors que j'ai battu le pavé avec de nombreux militants anti-TTIP et anti-CETA plusieurs fois cette année, j'avoue que la position de cet économiste qui développe une position tout-à-fait réaliste sur l'état du monde globalisé,  me renforce dans mon combat contre l'ultra-libéralisme.  La globalisation a, effectivement, atteint ses limites.

Ce sont les hommes et les femmes politiques qui apposeront aujourd'hui leur signature sur un document appelé CETA  qui doivent lire cette analyse de Mr De Grauwe parue dans le journal "De Morgen" cette semaine.

Auront-ils la sagesse de ne pas signer et de réfléchir, comme de nombreux citoyens le font aujourd'hui, à un système économique au profit des humains et non des multinationales et de leurs actionnaires?

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